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08/03/2008

Prison ferme requise contre l’automobiliste

Un jeune homme est devenu tétraplégique à la suite d’un accident de la circulation en août dernier dans le quartier Jasmin

Il est près de trois heures du matin, le 15 août 2007, quand un homme sort d’un restaurant, place Jasmin, pour regagner sa voiture garée en bas du boulevard de la République.

Il prend la direction de la place du Pin, mais quelques dizaines de mètres plus loin, à hauteur de l’Eldorado, une voiture garée en double file l’oblige à un dépassement sur la voie de gauche.

Pour éviter un groupe de jeunes qui chahutait près de la discothèque, l’homme se rabat de nouveau vers la droite.

Il heurte de plein fouet un jeune homme, qu’il n’avait pas vu dans la pénombre et qui discutait sur la chaussée avec son cousin, resté au volant de la voiture arrêtée.

Le contrôle d’alcoolémie révélait que l’auteur de l’accident présentait un taux de 0,67 mm par litre d’air expiré.


Dans un fauteuil à la barre

Il comparaissait hier devant le tribunal correctionnel d’Agen pour blessures involontaires et conduite en état d’ébriété. La victime, un jeune homme de 24 ans, recroquevillé dans son fauteuil roulant, était entourée par de nombreux membres de sa famille. Devenu tétraplégique à la suite de l’accident, il tenait à s’exprimer devant le tribunal et lisait une lettre émouvante dans laquelle il avait couché avec des mots simples mais poignants toute sa détresse devant son avenir brisé.

Me Briat intervenait pour le cousin qui lui n’a eu que quelques jours d’interruption de travail mais un grand traumatisme moral. L’avocat s’étonnait de « la piètre qualité du procès-verbal malgré l’extrême gravité de l’accident. C’est une enquête bâclée ». Me Perier-Chapeau, du barreau de Paris, intervenait avec beaucoup d’émotion pour la victime : « Il doit apprendre à faire le deuil de sa vie passée. Il était enjoué, dynamique, il travaillait et profitait de la vie. Tout cet élan d’énergie a été stoppé net. »

Le procureur, Franck Ollier, qui sentait monter la tension dans la salle, espérait que cette audience soit un élément de réflexion sur le comportement des automobilistes comme des piétons « c’est une affaire symbolique de comportements que tout le monde doit modifier ». Il requérait à l’encontre l’automobiliste du prévenu 12 à 18 mois de prison dont 4 à 6 mois ferme, ainsi que la suspension ou l’annulation de son permis de conduire.

«L’alcool n’est pas en cause»

Me Martial pour la défense, rebondissait sur les propos du procureur « la rue est un espace que nous devons partager dans le respect des uns et des autres. Le véhicule garé accidenté a violé toutes les règles du code de la route. Il occupait un couloir de circulation à l’arrêt, tous feux éteints. Et le piéton n’avait strictement rien à faire sur la chaussée accoudée à la fenêtre du véhicule. Mon client n’a pas manqué de maîtrise et l’alcool n’a rien à voir dans cette affaire. ».Le tribunal rendra son délibéré le 11 avril prochain.

Annie Gardère