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23/08/2016

Accidents de la circulation et prise de médicaments

Les symboles destinés à identifier les médicaments à risque pour la conduite ne permettent pas, selon une étude pharmaco-épidémiologique, de réduire le nombre d’accidents de la circulation

medicaments-a-risques-et-accidents-de-la-circulation© ursule

Effets du médicament…

Un tiers des spécialités pharmaceutiques, signalées par un pictogramme et commercialisées en France, présentent un risque pour la conduite.

Les somnifères et les médicaments de l’anxiété « représentent 70% des médicaments associés aux accidents » indique Emmanuel Lagarde (Équipe Prévention et prise en charge des traumatismes du centre de recherche INSERM « Épidémiologie et Biostatistique » à Bordeaux).

Selon une précédente étude, à laquelle l’Inserm avait également participé, la prise de médicaments à risque serait responsable de 3 à 4 % de l’ensemble des accidents de la circulation en France (Médicaments et conduite automobile, Afssaps, mars 2009 – document PDF).

Optimiste, l’Afssaps concluait en 2009 que « Le pictogramme, décliné en trois niveaux de risque selon la classification de l’Afssaps, devrait donc, à l’avenir, constituer un outil d’alerte du patient tout en l’incitant au dialogue avec le professionnel de santé ».

et pictogrammes sans effet ?

Trois triangles de couleurs sont représentés sur les conditionnements extérieurs des médicaments : le niveau 1, selon un triangle jaune, recommande de « ne pas conduire sans avoir lu la notice » ; le niveau 2, schématisé par un triangle orange, appelle à être « très prudent » et à « ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé ».

Ultime niveau de classification : le niveau 3, marqué par un triangle rouge. Ce pictogramme interdit toute conduite.

Le délégué interministériel en charge de la Sécurité routière estime toutefois qu’« il faut maintenir en vie le système des pictogrammes qui reste efficace », quand bien même « la liste des médicaments dont la consommation peut être dangereuse au volant, et qui nécessitent donc un message d’avertissement, sera bientôt revue » (Synthèse de presse Inserm, vendredi 26 août 2016).

Les benzodiazépine et apparentés concernés

L’équipe de chercheurs a étudié l’influence des symboles de niveaux 2 et 3 sur les accidents de la circulation (INSERM, Equipe « Prévention et Prise en Charge des Traumatismes », Epidémiologie et Biostatistique – Prévention, Université de Bordeaux).

Pour déterminer l’efficacité des pictogrammes, 150.000 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre 2005 et 2011 ont été identifiés.

Ces conducteur ont été distribués au sein de quatre périodes : juillet 2005 à décembre 2006, soit avant l’instauration des nouveaux pictogrammes, janvier 2007 à mai 2008 correspondant à la mise en place du système, puis de juin 2008 à décembre 2009 et de janvier 2010 à décembre 2011, pour en suivre l’évolution.

Mais alors qu’on aurait pu espérer une baisse des accidents au cours des deux dernières périodes, les chercheurs n’ont pas trouvé d’effet significatif.

Ils ont même trouvé une légère hausse des accidents dus aux somnifères de la famille des benzodiazépines ou apparentés (comme Stilnox, Zolpidem ou Imovane) qui pourrait être due, selon Emmanuel Lagarde, à « l’augmentation de la consommation de ces produits par une population vieillissante ».

« Les informations inscrites sur les boîtes de médicaments sont pertinentes, mais ça ne suffit pas », indique Emmanuel Lagarde, co-auteur d’une étude publiée dans la revue British Journal of Clinical Pharmacology (Le risque d’accident de la circulation routière associée à benzodiazépine et z-hypnotique utilisé après la mise en œuvre d’un pictogramme de couleur graduée: une étude de la responsabilité, Ludivine Orriols, Audrey Luxcey, Benjamin Contrand, Blandine Gadegbeku, Bernard Delorme, Aurore Tricotel, Nicholas Moore, Louis-Rachid Salmi, Emmanuel Lagarde).

La prise de médicaments gênants la conduite expose à tous les risques et à toutes les conséquences à l’égard des victimes.

Des contrôles sont pratiqués lors des accidents corporels graves.

Les résultats d’analyses ou d’examens médicaux peuvent éclairer le juge sur l’état d’un conducteur au moment de l’accident.

Les avocats qui offrent un service spécialisé aux victimes corporelles se saisissent immanquablement des questions de dépistage et d’éventuels troubles gênants pour la conduite.